Gestion des cas d’exposition aux pathogènes transmissibles par le sang

Santé publique Ottawa recommande aux professionnels de la santé de procéder à l'évaluation complète de toutes les personnes ayant possiblement été exposées, par voie non sexuelle, à du sang ou à des liquides corporels potentiellement infectés par le virus de l'hépatite B (VHB), de l'hépatite C (VHC) ou de l'immunodéficience humaine (VIH), et de prendre les mesures qui s'appliquent.

Il y a exposition aux pathogènes transmissibles par le sang lorsqu'une personne, la « personne exposée », entre en contact avec le sang ou les liquides corporels d'une autre personne, la « personne source », de l'une des façons suivantes :

Lésion percutanée

  • piqûre d'aiguille
  • coupure causée par un objet tranchant
  • morsure humaine transperçant la peau

Éclaboussement d'une muqueuse

  • œil
  • nez
  • bouche

Peau non intacte

  • gerçure
  • éraflure récente
  • problème dermatologique

Le VHB, le VHC et le VIH se transmettent notamment par les interventions et les liquides corporels suivants :

  • le sang et tous les liquides corporels visiblement contaminés par du sang;
  • les greffes d'organes et de tissus;
  • les liquides pleural, amniotique, péricardique, péritonéal, synovial ou céphalorachidien;
  • les sécrétions utérines ou vaginales, ou le sperme (transmission du VHC peu probable);
  • la salive (seule, elle ne peut transmettre que le VHB, mais si elle est contaminée par du sang, il y a également risque d'infection par le VHC et le VIH);

Remarque : Le VHB, le VHC et le VIH ne se transmettent pas par les selles, les sécrétions nasales, les expectorations, les larmes, l'urine et les vomissements, sauf en cas de présence visible de sang.

Étapes à suivre en cas d'exposition potentielle à des pathogènes transmissibles par le sang :

Prendre soin immédiatement de la région exposée

  • Laisser la lésion saigner librement;
  • Retirer les vêtements souillés par les liquides corporels;
  • Rincer abondamment la région exposée avec de l'eau ou de la solution saline;
  • Nettoyer la région exposée avec de l'eau et du savon, puis la sécher;
  • Signaler l'incident à votre superviseur ou à la personne désignée, le cas échéant.

Évaluer les risques liés à l'exposition

  • Déterminer le type d'exposition (lésion percutanée, muqueuse ou peau non intacte);
  • Déterminer le liquide en cause (sang, liquide visiblement contaminé par du sang ou autre liquide ou tissu potentiellement infectieux);
  • Évaluer, en minutes, le temps que le liquide a passé à l'extérieur du corps de la personne source;
  • Déterminer s'il y a eu exposition ou non :
    • S'il n'y a pas eu d'exposition, en aviser la personne exposée, puis lui indiquer ou lui rappeler les pratiques de prévention et de contrôle des infections;
    • En cas d'exposition, procéder à un test sérologique.

Effectuer les tests sérologiques de détection du VHB, du VHC et du VIH

  • Obtenir le consentement de la personne exposée afin de procéder au premier test sérologique de détection du VHB, du VHC et du VIH ainsi qu'aux tests de suivi;
  • Les premiers tests, ou tests de base, comprennent la détection des anticorps contre le VHB (anti-HBs, anti-HBc) et des antigènes (AgHBs) du VHC et du VIH;
  • Répéter les tests de détection du VHB six mois après l'exposition;
  • Répéter les tests de détection du VHC trois mois et six mois après l'exposition;
  • Répéter les tests sérologiques de détection du VIH six semaines, trois mois et six mois après l'exposition (seulement si les résultats du test précédent sont négatifs);
  • Encourager la personne exposée à se faire vacciner contre l'hépatite B, si ce n'est pas déjà fait.

Conseiller la personne exposée

Une personne exposée en attente des résultats des tests sérologiques devrait :

  • S'abstenir d'avoir des relations sexuelles, ou utiliser un condom en latex;
  • Ne faire aucun don de sang, de plasma, d'organe, de tissu ou de sperme;
  • Ne pas partager de brosse à dents, de rasoir ou d'aiguilles pouvant être contaminés par du sang ou des liquides corporels;
  • Ne pas tomber enceinte;
  • Interrompre l'allaitement maternel; tirer le lait et le jeter tant que les résultats du test ne sont pas connus.

La prophylaxie post-exposition (PPE)

Le traitement visant à prévenir l'infection après exposition à du sang ou à des liquides corporels se nomme la prophylaxie post-exposition (PPE). La PPE n'est possible qu'en cas d'exposition au VHB ou au VIH, aucun traitement de ce type n'existant pour prévenir l'infection au VHC. La PPE est offerte uniquement dans les services d'urgence des hôpitaux. En cas d'exposition, il faut donc diriger la personne exposée vers le service d'urgence d'un hôpital : c'est le médecin traitant qui décidera s'il y a lieu de procéder à la PPE. Toute personne entreprenant ce traitement doit être aiguillée vers la clinique des maladies infectieuses de l'Hôpital d'Ottawa - Campus Général, où elle obtiendra ses résultats de tests sérologiques et bénéficiera d'un suivi complet.

La PPE pour le VIH consiste habituellement en un traitement par deux ou trois médicaments antirétroviraux pour une durée de quatre semaines. La PPE doit être commencée le plus tôt possible, de préférence dans les heures qui suivent l'exposition. Le traitement peut également être envisagé ultérieurement, en raison des avantages potentiels d'un traitement précoce de l'infection par le VIH dans l'éventualité d'une séroconversion. Si les résultats du test de détection du VIH s'avèrent négatifs chez la personne source, la PPE sera immédiatement interrompue.

La PPE pour le VHB comprend un traitement aux immunoglobulines anti-hépatite B (GIHB) et l'administration du vaccin contre l'hépatite B, et dépend de la vulnérabilité de la personne exposée et de son degré d'immunité à une infection par le VHB. Les GIHB doivent être administrées dans les 24 heures.

Risque de transmission du VHB, du VHC et du VIH

Le risque d'infection après une exposition unique et importante dépend de plusieurs facteurs, notamment :

  • Le virus en cause (le VHB et le VHC sont plus infectieux que le VIH);
  • Le type d'exposition (une lésion profonde pose un risque plus élevé qu'une éclaboussure aux yeux);
  • La quantité de sang exposée (plus elle est grande, plus le risque est élevé);
  • La quantité de virus présente dans le sang de la personne source au moment de l'exposition (plus elle est grande, plus le risque est élevé).

Le virus de l'hépatite B (VHB)

Les personnes vaccinées contre l'hépatite B et immunisées contre ce virus ne courent pratiquement aucun risque d'infection. En cas de piqûre d'aiguille ou d'exposition d'une coupure (à une source infectée), le risque d'infection par le VHB varie de 6 % à 30 %. En cas de morsure humaine transperçant la peau, le risque d'infection (de la personne mordue) est inconnu, mais vraisemblablement très bas, la concentration de VHB étant 1000 fois plus faible dans la salive que dans le sang. Les mesures à prendre en cas d'exposition potentielle au VHB sont décrites dans la 7e édition du Guide canadien d'immunisation, parue en 2006, aux pages 247 à 251.

Le virus de l'hépatite C (VHC)

Le risque d'infection au VHC en cas de piqûre d'aiguille ou d'exposition d'une coupure à une source infectée est d'environ 1,8 %. Quant au risque d'infection après exposition des muqueuses ou de la peau non intacte, il est inconnu, mais on le suppose très faible. Il n'existe aucun vaccin contre le VHC, ni aucun traitement visant à prévenir l'infection après exposition. Il N'EST PAS recommandé d'administrer des immunoglobulines ou des médicaments antirétroviraux après une exposition à ce virus.

Le virus d'immunodéficience humaine (VIH)

Le risque d'infection au VIH en cas de piqûre d'aiguille ou d'exposition d'une coupure à une source infectée est actuellement estimé à 0,3 % (1 cas sur 300). Quant au risque d'infection après exposition des yeux, du nez ou de la bouche à du sang infecté par le virus, il est estimé à 0,1 % (1 cas sur 1 000). On estime en outre que le risque d'infection en cas d'exposition de la peau non intacte à du sang infecté est inférieur à 0,1 %. Enfin, il est probable que le contact d'une peau saine avec une petite quantité de sang ne représente aucun risque.

Pour obtenir plus de renseignements, vous pouvez communiquer avec le Programme de contrôle des maladies transmissibles au 613-580-6744, poste 24224.

Références

  1. Exposure to Blood: What Healthcare Personnel Need to Know, Department of Health and Human Services et Center for Disease Control, Atlanta, Géorgie, 2003.
  2. L'exposition professionnelle au VHB, au VHC ou au VIH, Réseau juridique canadien VIH/SIDA, 2001
  3. Guide canadien d'immunization, comité consultatif national de l'immunisation, Agence de la santé publique du Canada, 7e édition, 2006

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